lundi 27 octobre 2008

Colère




Colère


Avec la rage au ventre
Et l’œil rivé au sol,
Tu fonces vers le centre
Sans mettre de bémol.

Bien que très amoché
Tu avances volontaire.
On t’a tout reproché,
Là, tu sors prendre l’air,

Faire exploser les murs,
Descendre les immeubles,
Taire le dernier murmure,
Brûler photos et meubles,

Déchirer la toile obscène
Qui englue le quotidien,
Penché au-dessus de la Seine
Parce que tu crains les requins.

Tu fais claquer tes pas,
Tes pieds vont où ils veulent,
Rien ne les arrêtera
Piétinant ce jour veule.

Absurdité de la lucidité !
Ton corps ému frémit d’horreur,
Tes yeux connaissent l’humidité,
La nausée te vient au cœur.

Tu rechignes à marcher droit,
Ce que tu veux c’est courir,
Tenir debout est déjà adroit,
La difficulté est de s’y maintenir.

Conserver de sa dignité,
Encore prier l’horizon
De continuer d’exister
Du bitume jusqu’au gazon.

Hurler à gorge déployée
A s’en faire trembler la glotte
Pour que la ville soit effrayée,
Que ses ombres grelottent.

En vouloir à la Terre entière,
S’en prendre au premier venu :
Qu’il retourne en arrière !
Tu n’aimes pas les imprévus.

Feux d’artifice de nerfs,
Bouquets somptueux, lueurs,
Eclats de voix, éclats de verre,
La sauvagerie à ses heures.

L’animal méprisant la nature
Tourne en rond dans sa cage
Menaçant sa propre culture,
S’enlisant dans ses marécages.

Tu fuis tes fois, tu défailles,
Tu bascules, chutes, dérailles,
Tu te précipites dans tes failles,
Tu vocifères, tu geins, tu brailles,

T’égosilles… Ne te répond
Que ton écho angoissant
Qui seul ose et interrompt
La course folle de ton sang.



Iso Bastier 23 09 07

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