jeudi 1 décembre 2016

Le voyage amer


"Qui se ressemble" - Huile - [55 X 46] - Iso Bastier



Le voyage amer

Part en voyage ton cœur meurtri,
Endeuillé d’une partie de ton être,
Il bat désormais en horloge trahie
Par l’intemporalité qu’il voit naître.

En t’éloignant tu te rapproches
De l’angoisse que tu fuyais,
Elle fait partie de tes proches,
Même la distance, rien n’y fait.

Tu es obnubilé par une absence,
Une mère, une femme, une douceur,
Tu en oublies ta propre présence,
Hanté par ton espoir de bonheur.

Tu échappes à toi-même…
Tu dérapes. Tu te laisses aller
Mais pas comme on se promène,
Plutôt une amnésique volonté.

L’envie de tout larguer d’un coup,
Tout ce qui te pèse et t’écrase.
Tu préfèrerais vivre debout
Tandis que la société t’envase.

Tu pars comme pour te quitter.
Te dépasser, te surpasser peut-être,
Jusqu’à pouvoir te réinviter
Respectueusement dans ton être.

Sur la lame tu te blesses,
Le tranchant de ta réalité
Est une cruelle caresse
Moins velours qu’aiguisée.

Dans ce reflet d’acier amer
De tes pensées en errante folie,
Tes yeux vagabondent et repèrent
Un visage, une silhouette durcie.

Cette femme étrange que tu vois,
Qui t’émeut parfois aux larmes,
Elle pourrait, cette femme, être moi
Or tu ne fais que sortir tes armes.

Une douleur, un pincement affreux
Qui te lancine, qui te relance,
Cette envie d’avancer à deux,
Ton orgueil en fait une souffrance.

Tu veux tant te prouver
Que tu ne construis que tout seul,
Tu ne partages pas ton intimité,
Si ce n’est avec tes épagneuls.

Tu débordes d’amour martyrisé
Depuis cette idéale abstraction
Qu’enfant tu t’étais imaginée.
Tu te prives d’une nouvelle vision.

Tu te projettes au hasard des rencontres
Sur les corps les plus réjouissants.
Sur ces sourires qui se montrent
Peu à peu plutôt inquiétants.

Tu redoutes le doute, crains les recoins.
Un rien te déroute, un rien de paranoïa.
Tu continues de t’exalter néanmoins
Ne négligeant aucun débat, aucun ébat.

Ta complexe intelligence t’éprouve.
Le couple n’est pas qu’une dualité,
C’est l’autre en toi que tu approuves
Jusqu’à parvenir à l’aimer.

Que de chemins à parcourir
A ton cœur blessé et parti
Très loin pour se redécouvrir 
Aux confins de la belle Asie !

Plus tu t’éloignes, plus tu t’approches
De ce qui te manque vraiment :
Autre chose que des reproches,
Un soutien fort qui te fasse grand.



Iso Bastier
8/09/07







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